Dans le cadre de la convention signée avec la Délégation pour le suivi des conséquences des essais nucléaires (DSCEN), la MSH-P développe, depuis mai 2023, un projet de recherche portant sur les pratiques de subsistance au sein des nouvelles classes populaires urbaines en Polynésie française. Ce projet est porté par Leila DRIF, sociologue post-doctorante à la MSH-P, spécialiste du précariat urbain en contexte de mobilités contraintes ou forcées.

Cette recherche vise à explorer les effets de déstructuration socio-économique générés par l’économie du nucléaire et les migrations de travail que celle-ci a induites à Tahiti.

L’enjeu est de comprendre comment ce nouveau prolétariat, le plus souvent issu des îles, s’organise socialement et économiquement en marge du salariat, pour (sur)vivre, face aux défis caractéristiques du contexte archipélagique polynésien : chômage structurel et pénurie d’emplois, faiblesse systémique du pouvoir d’achat, fragmentation territoriale et mobilités importantes. Il s'agit ainsi d’analyser les leviers socioéconomiques qui se substituent au travail salarié, lorsque celui-ci n’assume plus le rôle de moteur de l’insertion sociale et économique des populations.

Dans cette perspective, l’enquête mobilise une approche qualitative et multi-située entre certains quartiers prioritaires de Tahiti, les pôles d’emploi secondaires (Bora-Bora), et les îles plus isolées, afin d’appréhender les différentes échelles à partir desquelles les économies populaires agencent, sur ces territoires, salaire, travail au noir, économie souterraine, revenus de transfert et auto-subsistance.