Résumé

Introduction : La Polynésie française par l’organisation de son système de santé, d’accès aux soins et aux plateaux techniques permet le dépistage et la prise en charge efficace du cancer du sein. Cependant l’issue demeure régulièrement défavorable, liée à une entrée tardive des femmes atteintes dans la filière. De nombreuses spécificités locales existent, culturelles et sociales, impactant les représentations de la maladie mais aussi des traitements. Cette étude vise à documenter les freins à la prise en charge précoce et les leviers existants au sein des comportements de santé pour y parvenir.

Méthode : Etude qualitative basée sur le codage d’entretiens semi directifs de femmes polynésiennes indemnes et atteintes de cancer du sein âgées de 40 à 70 ans à travers 3 archipels, implémentée d’expériences de terrain recueillies auprès des soignants de première ligne, d’associations et de communautés.

Résultats : En matière de prévention, ce travail met en exergue la nécessité de réaliser des informations ciblées très différentes dans leur contenu à destination des groupes : femmes indemnes, femmes atteintes nouvellement diagnostiquées, femmes de la tranche d’âge concernée par le dépistage, et la manière dont certaines actions actuelles manquent leur cible. Le poids de la parole est considérable, dans la compréhension et le vécu de la pathologie, les mots résonnant différemment entre soignants et soignés. Le refus de soin revêt plusieurs aspects, et est régulièrement lié à la compréhension d’un choix possible sans perte de chance lorsque des options thérapeutiques sont proposées. Les comportements de santé positifs existants sont méconnus des soignants et sous-exploités, à l’origine d’un vécu péjoratif du parcours de soin. Les freins sont à la prise en charge des cancers au stade clinique de la maladie.

Conclusion : Les messages doivent être adaptés dans leur contenu pour faire face à une incompréhension soignants soignés. La palpation mammaire en soin de santé primaire est insuffisamment réalisée en routine alors que largement acceptée dans ce cadre. Il apparaît la nécessité urgente et immédiate d’optimiser l’existant par des actions concrètes et locales pour diminuer la morbi-mortalité du cancer du sein en population polynésienne. Cette étude met en évidence certains leviers pour le faire.