Ce rapport livre les résultats d’une recherche qualitative menée entre octobre 2021 et octobre 2022, centrée sur les représentations et les pratiques familiales des populations populaires urbaines en Polynésie française. A la croisée de la sociologie de la famille et de l’anthropologie de la parenté, notre propos a cherché à éviter l’écueil d’une approche exotisante, qui considérerait la famille seulement comme l’émanation d’une spécificité culturelle, et d’une approche universaliste qui emploierait, sans les interroger, des notions et des concepts conçus par la sociologie des pays occidentaux pour éclairer une société dont l’histoire n’est pas la même que celle de la France. En menant une revue de littérature précise sur la parenté aux époques antérieures, nous avons tenté de préciser les formes historiques de la parenté en Polynésie, afin de ne pas relayer l’image biaisée d’une « famille traditionnelle » fantasmée. Le cœur de notre approche a consisté à investiguer, parmi la population vivant dans un quartier urbain populaire de Tahiti, conjointement les idées qui existent à propos de la famille, les pratiques familiales et les discours que les individus tiennent à leur propos. L’étude des interactions entre les dimensions idéologique, discursive et pratique de la famille permet d’approcher comment la famille, en tant qu’ensemble de normes relationnelles, et en tant que groupe d’inscription des solidarités quotidiennes, détermine la vie des individus, et comment les individus adaptent et fabriquent les configurations familiales. Ainsi, dans cette recherche, la famille est moins comprise comme un état, stable et structurant, que comme un processus.